Dimanche 16 juin prochain, la communauté africaine célèbre la 28e édition de la Journée de l’enfant africain. Elle a été instituée par l’Organisation de l’Unité africaine en hommage aux enfants innocents massacrés par le régime raciste de l’Apartheid en 1976 à Sowéto, lors d’une marche pour leurs droits. Au Bénin comme dans les autres pays d’Afrique, cette commémoration est l’occasion de se pencher sur la situation de l’enfant, de ses droits et sur les devoirs de l’Etat à son égard.
Ils protestaient contre un système éducatif tourné vers l’extérieur et qui renie leur culture. Ils ont versé leur sang pour protéger ce qu’ils estimaient être leur essence. Leur sacrifice est resté gravé dans les annales de l’histoire africaine. Mais leur combat aura été vain si les droits de l’enfant restent bafoués en Afrique. Au Bénin, il faut reconnaître que des efforts sont faits pour garantir à l’enfant ses droits fondamentaux. Sur le plan de l’éducation, les initiatives conjuguées des gouvernements successifs ont conduit à la gratuité de l’enseignement primaire ainsi que le recommande la loi fondamentale en ses articles 12 et 13 sui stipulent « L’Etat et les collectivités publiques garantissent l’éducation des enfants et créent les conditions favorables à cette fin. L’Etat pourvoit à l’éducation de la jeunesse par des écoles publiques. L’enseignement primaire est obligatoire. L’Etat assure progressivement la gratuité de l’enseignement public ». En dépit des facteurs culturels et sociologiques, le Bénin a atteint aujourd’hui son plus fort taux de scolarisation des filles. Mais des défis restent à relever en l’occurrence pour ce qui est de la qualité de l’éducation. « En matière d’enseignement primaire, le taux brut de scolarisation est passé de 98,5 % en 2007 à 124,8 % en 2015 (123,4% pour les filles) et l’écart entre garçons et filles s’est réduit de 8 à 3 points. Cependant, de fortes disparités liées au milieu et au mode de vie, aux revenus des familles et au handicap subsistent. Le faible taux d’achèvement du primaire (79.2% en 2015) et la qualité de l’éducation restent préoccupants. Dans le cycle secondaire, le taux net de fréquentation scolaire est estimé à 44%, avec un écart considérable entre les sexes, soit quatre enfants sur 10 pour les filles et cinq enfants sur 10 pour les garçons », relève l’Analyse de l’Unicef sur la situation des enfants au Bénin en 2017.
Dans le secteur de la santé, l’enfant béninois peut également se réjouir des diligences des gouvernants et des organisations internationales en faveur de la santé maternelle et infantile. Car la santé de l’enfant et celle de la mère sont étroitement liées. Il s’agit en l’occurrence des facilités accordées dans le traitement de certains maux comme le paludisme, la gratuité dans l’administration des différents vaccins, des projets sociaux… En dépit de ces efforts, le taux de mortalité et de morbidité reste élevé. « Dans le domaine de la santé, le profil du pays est caractérisé par une morbidité et une mortalité élevées, malgré les nombreux programmes et les réformes mis en œuvre au cours des dernières années. Les maladies transmissibles constituent les principales causes de morbidité et de mortalité. En effet, la mortalité des enfants de moins de cinq ans est passée de 125 pour mille en 2006 à 115 pour mille en 2014, une progression trop lente. Trois enfants de moins de cinq ans sur 10 souffrent de malnutrition chronique. Le paludisme a été responsable des décès de quatre enfants sur 10 de moins de cinq ans en 2014 », souligne le même rapport de l’Unicef qui déplore aussi la quasi inexistence de services de soins spécifiquement dédiés aux adolescents.
Dans la tourmente des abus !
La sécurité est l’autre chantier sur lequel, l’Etat a encore beaucoup à offrir à l’enfant béninois. Conformément à l’article 15 de la Constitution, « Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne ». A fortiori l’enfant pour qui la Loi fondamentale, en son article 26, exige de l’Etat plus de soins: « L’Etat assure à tous l’égalité devant la loi …
L’Etat protège la famille et particulièrement la mère et l’enfant… ».
Même si l’adoption du Code de l’enfant en 2015 et la répression impitoyable des crimes à son égard constituent d’importants facteurs de dissuasion, le mal reste présent, en l’occurrence dans les zones rurales où le mariage des enfants est une coutume, où les hommes ont gardé leur mentalité féodale et où les femmes ont du mal à s’affirmer. Il suffit de suivre les sessions criminelles dans les tribunaux, pour se rendre compte de combien les enfants sont encore victimes d’agressions sexuelles, de viols, de violences et de sévices de tous genres.
Par ailleurs, le travail des enfants, malgré les nombreuses sensibilisations, peine à régresser. Le rapport de l’Unicef sur la situation des enfants au Bénin en 2017 précise : « Dans le domaine de la protection, les droits de l’enfant ne sont pas toujours respectés. L’exploitation économique des enfants est un fléau qui progresse. Le taux national du travail des enfants est passé de 34% en 2008 selon l’Enquête nationale sur le travail des enfants, à 52,5% en 2014 selon l’enquête Mics. S’agissant de l’enregistrement des naissances, on estime que huit enfants sur 10 sont enregistrés à la naissance mais de gros efforts restent à fournir pour le retrait des actes de naissance par les parents. Concernant le mariage des enfants, une fille sur 10 est mariée avant 15 ans et trois filles sur 10 avant 18 ans ».
Au fil des années, des efforts sont faits pour l’épanouissement de l’enfant béninois, mais il reste tant à faire dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la sécurité… Et en ce jour où la communauté mondiale célèbre aussi la Journée de lutte contre la faim, il convient de saluer la mise en place par le gouvernement, des cantines scolaires dans les écoles primaires. C’est une initiative qui devrait se poursuivre s’améliorant en quantité et surtout en qualité.