Non, le chiffre est exagéré
«Le taux de 50% est complètement faux et nous l’avons retiré de notre site web. Merci d’avoir attiré notre attention sur cela », a dit Ann-Beth Moller, agent technique au département Santé de la reproduction et recherche de l’OMS, suite à la publication de l’article d’Africa Check.
Dans une contribution publiée sur le site web du journal Le Monde, le 16 mai dernier, Mme Marie-Pierre Nicollet, directrice du département Développement humain à l’Agence française de développement (AFD), abordait la thématique de l’éducation sexuelle au sein de l’école. Ce texte est une contribution à la réflexion autour de la hausse de la croissance démographique en Afrique.
Ainsi, parmi les chiffres mentionnés, on pouvait lire que 50% des naissances en Afrique subsaharienne surviennent au cours de l’adolescence (les filles de 15 à 19 ans).
Ce chiffre correspond-il à la réalité ? Africa Check a vérifié.
D’où vient ce chiffre ?
Contactée via mail, Mme Nicollet a communiqué à Africa Check la source qu’elle a consultée. Il s’agit de la rubrique Santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent du site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celle-ci renseigne que « la proportion de naissances qui ont lieu au cours de l’adolescence est d’environ 2% en Chine, 18% en Amérique latine et dans les Caraïbes, et de plus de 50% en Afrique subsaharienne ».
Il s’agit du chiffre le plus récent communiqué par l’OMS sur cette thématique.
La même source indique également que près de 16 millions de jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans donnent naissance à un enfant chaque année dans le monde entier. Cette estimation correspondant à 11% de l’ensemble des naissances.
En outre, l’OMS souligne que les taux de grossesse les plus élevés sont constatés en Afrique subsaharienne et dans la partie sud de l’Asie centrale et orientale. L’institution onusienne note toutefois que, de manière générale, les taux de grossesse chez les adolescentes ont diminué dans la plupart des pays et régions ces trois dernières décennies.
« Une donnée difficile à quantifier en Afrique »
Contrairement aux naissances, les grossesses sont une donnée assez difficile à quantifier sur le continent. En effet, elles dépendent grandement des réalités sociales des pays étudiés, du mariage, du niveau d’études, des morts à la naissance, des fausses couches ou encore des avortements clandestins. Et elles présentent plusieurs difficultés quand il s’agit de les estimer de façon précise.
Aussi, selon une estimation de l’organisation américaine de recherche Guttmacher Institute réalisée en 2007, seules 71% des grossesses d’adolescentes en Afrique sub-saharienne aboutissent à des naissances vivantes.
Si tant est que les naissances qui surviennent au cours de l’adolescence en Afrique subsaharienne soient d’environ 50%, il faut noter que les tendances sont disparates au sein de cette même région. Par exemple, sur le site de l’OMS, il est indiqué que le taux des grossesses chez les adolescentes est de 0,3% au Rwanda alors qu’il est de 12,2% au Mozambique, soit nettement plus élevé.
Par ailleurs, dans un article d’Africa Check, Adebayo Fayoyin, conseiller régional en communication de United Nations Population Fund (UNFPA) disait qu’en Afrique subsaharienne, peu d’études sont disponibles vis-à-vis des naissances vivantes, des pertes de fœtus et des avortements.
Près de 200 naissances pour 1.000 adolescentes en Afrique de l’Ouest et du Centre
Le rapport 2015 de l’UNICEF intitulé Mariages d’enfants, grossesses précoces et formation de la famille en Afrique de l’Ouest et du Centre signale que cette région dispose des taux de natalité chez les adolescentes les plus élevés au monde. Ainsi, on y apprend que le pourcentage d’accouchements survenus avant 18 ans s’établit à 34,3%.
Les cas de femmes âgées de 20 à 24 ans ayant eu un enfant avant l’âge de 18 ans sont surtout élevés en Guinée, au Mali, au Niger, au Tchad, en République Centrafricaine et au Gabon.