Par Fatimata Sy
Fatimata Sy est directrice de l’Unité de coordination du Partenariat de Ougadougou. Elle a 25 ans d’expérience dans le domaine du développement international et de la santé publique en Afrique.
Du 16 au 19 mai, je serai au Danemark pour une conférence internationale « Women Deliver » pour partager et fêter l’histoire d’un grand succès pour l’Afrique de l’ouest ; qui est la seule région dans le monde à avoir atteint et dépassé les objectifs de la planification familiale qu’elle s’était fixé.
Ce sera une grande occasion pour moi de partager les succès et les promesses tenues par le Partenariat de Ouagadougou (PO) qui avait reconnu en 2011 «l’Urgence d’Agir» et s’était fixé comme objectif d’enregistrer 1 million d’utilisatrices additionnelles de méthodes modernes de contraception en 2015. Cet objectif a été largement dépassé en l’espace de quatre ans ; grâce à des interventions à haut impact, le leadership des gouvernements, l’engagement et la participation de toutes les parties prenantes, en particulier les partenaires techniques et financiers qui aiment et soutiennent cette région du monde. Aujourd’hui, grâce au PO, les 9 pays francophones ont pu enregistrer 1 180 000 femmes et filles additionnelles utilisatrices de méthodes modernes de contraception.
La grande question est : comment peut-on faire pour renforcer et accélérer ce succès afin d’améliorer la santé de la mère et de l’enfant au niveau de notre région est assurer ainsi notre prospérité ?
Eu égard aux succès enregistrés lors de la période 2011-2015, tous les neuf pays du Partenariat, les donateurs et les partenaires d’exécution se sont récemment réengagées à poursuivre un partenariat encore plus intensif dans les cinq ans à venir avec une « phase d’accélération», ainsi, à l’horizon 2020, les neufs pays francophones envisagent atteindre 2,2 millions de femmes utilisatrices additionnelles de méthodes contraceptives modernes.
Cette ambition est grande, mais ce qui me réconforte c’est que des progrès énormes ont été accomplis en vue d’améliorer la santé sexuelle et reproductive en Afrique de l’ouest.
« Le plus souvent, nos femmes sont victimes des « 4 TROP » : grossesses trop précoces, trop tardives, trop rapprochés ou trop nombreuses »
Cependant force est de reconnaître qu’il reste beaucoup de chemins à parcourir pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant et augmenter la prospérité et la croissance économique au niveau des familles et des communautés ; en effet, l’Afrique de l’ouest francophone reste la zone dans le monde où en moyenne 4 femmes décèdent toutes les heures des suites de complications liées à la grossesse ou l’accouchement. Les causes et complications sont généralement liées à l’hémorragie et l’éclampsie. Toutefois, à la base de cette situation, les experts s’accordent à dire que, qu’il y a ce qu’on appelle les « 4 TROP » : le plus souvent, nos femmes sont victimes des grossesses trop précoces, trop tardives, trop rapprochés ou trop nombreuses.
Laissez-moi vous illustrer un peu ces « 4 TROP ». En fait selon l’UNFPA, environ 19% des adolescentes de 15 à 19 ans ont des déjà donné naissance à au moins un enfant, c’est ce qu’on appelle grossesses trop précoces. D’autre part, environ 7% des femmes de plus de 45 ans ayant plus de 7 enfants continuent de mettre des enfants au monde. C’est ce que nous appelons les grossesses trop tardives.
L’UNFPA toujours, note également que dans 26% des cas, l’intervalle entre deux naissances est le plus souvent inférieur à deux ans, ce qu’on appelle grossesses trop rapprochées et enfin, lorsqu’en fin de vie féconde c’est-à-dire (45-49 ans), une femme sur cinq a donné naissance à 10 enfants ou plus, c’est ce que l’on appelle grossesse trop nombreuses.