La décentralisation des soins pré et postnataux a fait augmenter le nombre d’accouchements assistés tout en accélérant la planification familiale.
C’est un jeudi comme tant d’autres à la Direction de la planification familiale du Niger. Ce 17 septembre, dans cet établissement sanitaire de Niamey, la capitale, des dizaines de femmes prennent leur mal en patience avant d’entrer en consultation. « Vous voyez, il y a du monde. La vie a repris son cours, comme avant le
premier cas de Covid », déclaré le 19 mars, se félicite le docteur Issoufa Harou, en arpentant le vaste hall animé par les cris de bébés. Le directeur de la planification familiale du ministère de la santé laisse poindre un sourire en coin quand on lui parle des différents rapports qui, au printemps, prédisaient que le coronavirus allait être une catastrophe sur cette terre sahélienne.
Champion mondial de la procréation avec un taux de fécondité de 7 enfants par femme, le Niger cristallisait les inquiétudes dans la sous-région. « Tout le monde pensait que ça allait être un désastre, ici. Les gens disaient que les femmes enceintes ne pourraient pas être suffisamment suivies, qu’elles accoucheraient davantage chez elles et donc que le risque de mortalité maternelle et infantile allait augmenter. Mais rien de tout ça n’est arrivé. Au contraire », s’enorgueillit le médecin.
Equipes de santé mobiles
Sur ces terres reculées, c’est la décentralisation des soins post et prénataux qui permettent de traverser la crise sans hécatombe. Cette stratégie, en place depuis quatre ans, a été fortement renforcée depuis 2019. Ces derniers mois, 80 sages-femmes, 40 infirmières et trois gynécologues ont même été recrutés pour constituer et former, partout dans le pays, des « équipes mobiles » chargées d’assister les femmes enceintes directement à leur domicile. Un moyen de continuer à accompagner celles qui, au début de l’épidémie, « préféraient mourir chez elles en brousse plutôt que d’aller au centre de santé, de crainte d’attraper le virus. Heureusement, nous avions déjà mis en place ces équipes mobiles », assure Aïshatou Zada, une des sages-femmes du programme, pour qui « la peur liée à la pandémie aurait eu des effets dévastateurs bien supérieurs au Covid lui-même ».
Le Monde Afrique