L’histoire de

Hamidou

Burkina Faso

« Cela fait 6 ans que je suis maïeuticien. Maïeuticien, c’est ainsi qu’on appelle les hommes sages-femmes. Au Burkina Faso, il n’est pas rare qu’un homme soit sage-femme.»

« Avant d’exercer en tant que maïeuticien, j’étais infirmier et j’avais des notions obstétriques. Il faut dire qu’en tant qu’infirmier je pratiquais déjà le métier de sage-femme puisque je faisais des accouchements dans un centre de santé où nous n’étions que 2. J’en ai fait régulièrement pendant 4 ans.

Les femmes se confient à moi sans gêne. Le dialogue est facile. Je n’ai aucun jugement vis à vis d’elles, et leur accorde toute l’attention que je peux. Elles doivent le ressentir.

Plus difficile reste l’environnement de travail. Les autorités manquent d’encouragement à notre égard. Il y a un réel manque de reconnaissance que nous vivons assez mal. Nous sommes aussi confrontés à l’insuffisance du matériel qu’il faut utiliser à bon escient. Lors de ma dernière formation, on nous a enseigné des pratiques mais malheureusement quand on se retrouve sur le terrain sans matériel, on se débrouille, on ne peut faire qu’avec les moyens du bord ou ne pas faire. Le fait de ne pouvoir pratiquer mène à la perte des connaissances et des acquis.

Dans les zones mal desservies, l’agent de santé devrait bénéficier d’un minimum de conditions pour survivre. L’exemple du logement est primordial. Par ailleurs, il faut que les responsables puissent passer régulièrement pour évaluer et motiver les équipes.

Quand j’étais infirmier, j’ai exercé à 103 km du chef-lieu du département. Je me souviens d’une période difficile surtout pour les évacuations, à cause des routes inaccessibles. Il n’y avait pas d’ambulance non plus. J’ai vécu ainsi 4 ans, loin de ma famille que je visitais une fois par mois.

Quant au comportement des sages-femmes, je reconnais avoir été témoin de violences verbales et m’accorde à dire que l’accueil à l’égard des patientes reste à améliorer. La sage-femme est souvent seule face à un accouchement. L’insuffisance de compétences, le manque de confiance et de maitrise de gestes peuvent conduire à la perte de contrôle de soi et de ses émotions. Le travail en équipe peut palier à ces situations.

Ces quelques dernières années, j’ai pu noter des changements de comportements, au sein du personnel et de la population. Les femmes fréquentent de plus en plus les centres de santé, grâce à la sensibilisation à travers les radios et les agents de santé et à la gratuité. Je remarque aussi un peu de changements de la part des maris qui accompagnent leur femme.

Depuis avril 2016, l’accouchement est gratuit, la césarienne y compris. Avant il fallait compter 900 FCFA et 11 000 FCFA pour une césarienne avec la subvention de l’Etat.

La gratuité devrait contribuer à la réduction des décès maternels et infantile. En effet la fréquentation des centres de santé devient plus importante depuis la mise en place de la gratuité. Mais il n’en reste pas moins qu’il faut aujourd’hui palier aux maternités surchargées, au manque de personnel qualifié, au manque de matériel, de plateau, à la rupture de médicaments… Il faut un engagement concret des autorités. »

©Sophie Garcia / UNICEF

 

RENFORCEMENT DE LA QUALITÉ DES SOINS

Le renforcement de la qualité des soins (SONU/SDMR) dans les structures de santé, pour les mères, nouveau-nés et jeunes enfants est un enjeu fondamental pour réduire la mortalité maternelle et infantile en Afrique de l’Ouest et Centrale.

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