THECONVERSATION

 

Près de 830 femmes meurent chaque jour de causes évitables associées à une grossesse ou à un accouchement. Le rapport mondial portant sur les tendances de la mortalité maternelle de 1990 à 2015 dans 183 pays – dont 39 pays francophones – révèle qu’en 2015, le nombre de décès maternels était de 302 000 femmes dans les régions en développement.

 

Les pays de l’Afrique subsaharienne portent à eux seuls le fardeau de 201 000 décès, partagés principalement par 22 pays francophones. Ces décès ont un impact non négligeable sur la survie des nouveau-nés et des enfants de moins de cinq ans ainsi que sur les ressources des familles avec un impact économique, sur la productivité, sur la force du travail, etc.

Quelles stratégies pour prendre en charge ce fléau et garantir une maternité sans risque ?

État des lieux

Si de fortes mobilisation ont émergé en faveur de la santé maternelle depuis 1984, les objectifs fixés n’ont pas été atteints, presque quarante ans plus tard.

Certes, de nombreux programmes de financement tels que l’Initiative Mukoska (2010) appuient les pays en développement mais l’accès aux services de santé pour la mère, le nouveau-né et l’enfant ainsi que le renforcement et la disponibilité du personnel qualifié, restent trop faibles par rapport aux objectifs fixés.

Parmi ces derniers, l’accessibilité à une sage-femme ou à tout autre personnel qualifié pour exercer cette pratique (médecin, infirmière) est au cœur des débats. En effet, dans une majorité de pays d’Afrique francophone, seuls 40 % des accouchements sont assistés par un personnel qualifié.

58 % des naissances mondiales pour 17 % d’accoucheurs qualifiés

En 2011, un rapport publié par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) sonnait l’alerte : 58 pays – 27 francophones dont 24 en Afrique subsaharienne – souffraient d’une grave pénurie de personnel de santé.

Ces pays auraient enregistré 81 millions de naissances en 2009 soit 58 % des naissances mondiales, alors qu’ils bénéficiaient des services de 17 % des accoucheurs qualifiés dans le monde. Ces pays devraient doubler, tripler ou même multiplier par 15 leurs effectifs. Mais ils font face à plusieurs obstacles liés à des initiatives parfois mal pensées.

Par exemple, dans un des pays de l’Afrique francophone, une sage-femme de référence décide d’offrir à des infirmières travaillant dans le milieu de la périnatalité une formation étalée sur un an pour leur donner le titre de sage-femme. Cependant, selon les normes de l’ICM, pour devenir sage-femme, une infirmière détenant un diplôme universitaire de premier cycle devrait recevoir une formation spécifique d’une durée de 18 mois ou plus, à temps plein, offerte par des sages-femmes en milieux académique et clinique. Or, il n’y avait pas de sages-femmes dans le milieu pour agir de modèle et assurer un encadrement efficace ! Ce type de formation accélérée et non adaptée est ainsi pensé au détriment de la qualité.

Lacunes sérieuses, formations insuffisantes

En 2013, un ouvrage collectif rédigé par des sages-femmes francophones dépeint une formation caduque et insuffisante, un cadre de pratique inadéquat, un champ de pratique incomplètement délimité laissant la place à l’insécurité, au conflit dans les rôles et peu de place pour leur implication dans l’élaboration des politiques en santé reproductive.

Dans de nombreux cas, la sage femme n’a pas accès à la formation continue ni à une mise à jour de ses savoirs.

À l’occasion de la passation de différents tests que nous réalisons en vue de connaître le besoin des sages-femmes en formation et de remise à niveau, de nombreuses lacunes cumulées dans les connaissances fondamentales sont détectées ; celles en obstétriques sont les plus inquiétantes. Par ailleurs un rapport de l’UNFPA publié en 2014 souligne l’insuffisance des compétences des sages-femmes dans le suivi et l’établissement du diagnostic du travail de l’accouchement, la nécessité d’une supervision pendant le travail, l’absence de normes définies pour les soins à dispenser et l’inadéquation des services de référence et contre-référence lorsqu’il est nécessaire, en cas de complication, de diriger les accouchées vers des ressources spécialisées.

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