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La Conférence mondiale sur la population à Nairobi a pour ambition de faire bouger les lignes en matière de santé et notamment de reproduction.
Dans le monde entier, des millions de personnes ne peuvent toujours pas disposer librement de leur propre corps, choisir leur partenaire et opter pour une méthode de planification familiale. Une situation qui concerne surtout les femmes. La Conférence mondiale sur la population qui a démarré ce mardi 12 novembre à Nairobi souhaite ainsi donner de nouvelles impulsions pour améliorer la situation d’ici 2030. Des experts de la santé, des responsables gouvernementaux et des acteurs politiques de plus de 160 pays se rassemblent pour faire le point sur les 25 dernières années.
Parler pour parvenir au changement
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 800 femmes enceintes meurent chaque jour dans le monde de maladies évitables, environ 90 millions de femmes tombent enceintes involontairement et une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles.
Dans le monde, certaines femmes ne peuvent pas décider quand, où et avec qui elles veulent avoir un enfant
Une situation qui ne laisse pas insensible Renate Bähr, directrice générale de la Fondation allemande pour la population mondiale. Il faut selon elle parler des ces sujets, « plus importants que jamais« . Et d’insister : « Le droit des femmes à l’autodétermination n’est pas encore une réalité : il reste encore plus de 200 millions de femmes qui ne peuvent pas décider quand, où et avec qui elles veulent avoir un enfant« .
Engagements du passé non tenus
Des jalons avaient pourtant été posés lors de la dernière Conférence mondiale sur la population, qui s’est tenue au Caire en 1994. Le programme d’action adopté par 179 États avait déclaré que les droits de la femme et l’égalité de droits sont essentiels au développement durable dans le monde. Mais les objectifs du Caire n’ont été que partiellement atteints.
Une situation que déplore Naisola Likimani du mouvement international des femmes « She Decides » : « Il y a toujours 25 millions d’avortements non médicalisés chaque année. Des filles sont encore mariées avant l’âge de 18 ans chaque année. La communauté internationale a donc décidé que le moment était bien choisi pour se réunir, partager les meilleures pratiques et s’engager de nouveau à changer cela une fois pour toutes« , estime-t-elle.
Les questions liées à la planification familiale restent tabous dans certains pays
Dans un monde où les questions liées à la contraception ou à l’avortement divisent encore, Arthur Erker du Fonds mondial pour la population (FNUAP) attire lui l’attention sur les obstacles toujours présents. « Il y a sans aucun doute des voix qui veulent revenir en arrière, mais nous devons nous concentrer sur le soutien considérable dont bénéficie cet agenda« .
Selon Arthur Erker, les 17 objectifs de développement durable des Nations unies ne peuvent être atteints que si ceux de la conférence de Nairobi le sont.
Plusieurs thèmes au programme
La rencontre de Nairobi abordera des thèmes comme l’accès général à la santé et aux droits sexuels et reproductifs, ou la fin des violences sexistes et des pratiques dangereuses, telles que les mutilations génitales féminines. Il sera également question de démographique pour renforcer la croissance économique.
D’ici le milieu du siècle, 2,5 milliards de personnes vivront sur le continent africain. Cependant, les taux de natalité sont actuellement en baisse dans certains pays, notamment en Afrique de l’Est. En revanche, on ne constate pas de progrès notables dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, où le taux de natalité dépasse en moyenne cinq enfants par femme.