Le Monde
Selon l’organisation onusienne, « les progrès historiques réalisés au cours des dernières décennies sont clairement en train de ralentir ».
Les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme, une maladie qui touche surtout l’Afrique, sont au point mort depuis deux ans, a alerté vendredi 23 août l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui appelle à investir massivement pour créer notamment un vaccin plus efficace.
« Le monde est à la croisée des chemins. Les progrès historiques réalisés au cours des dernières décennies sont clairement en train de ralentir. Il y a encore chaque année plus de 400 000 morts et 200 millions de cas », a averti le directeur du programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS, Pedro Alonso, lors d’une conférence de presse.
Dans un document publié vendredi et élaboré par un groupe d’experts mandatés par l’OMS, ces derniers soulignent qu’après d’énormes progrès réalisés dans la réduction du nombre de cas et de décès entre 2000 et 2015, les deux dernières années ont été marquées par un enlisement. Le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les buts fixés en 2015 pour 2030, à savoir réduire de 90 % le nombre de cas de paludisme et les taux de mortalité liés à cette maladie transmise par des moustiques infectés.
Un vaccin efficace qu’à 40 %
Le groupe d’experts estime que 34 milliards de dollars (30,7 milliards d’euros) doivent être investis jusqu’en 2030 pour accélérer la lutte contre le paludisme, en améliorant notamment les systèmes de santé et de surveillance du paludisme, et en développant de nouveaux outils pour lutter plus efficacement contre la maladie, comme les vaccins. M. Alonso a ainsi expliqué que le vaccin actuel n’était efficace qu’à 40 %.
Il ressort des analyses du groupe d’experts que la mise en œuvre à plus grande échelle des interventions actuelles contre le paludisme permettrait d’éviter deux milliards de cas et quatre millions de décès supplémentaires d’ici à 2030, à condition que la population des vingt-neuf pays les plus touchés bénéficie de ces interventions.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le monde pourrait commencer à discuter de la prochaine étape : fixer une date pour éradiquer la maladie, a expliqué M. Alonso. « Il n’y a pas d’obstacles biologiques à l’éradication du paludisme », mais les outils actuels ne le permettent pas, a-t-il expliqué.
« L’éradication du paludisme à l’échelle mondiale serait l’un des plus grands succès dans le domaine de la santé publique. Avec de nouveaux outils et de nouvelles approches, nous pouvons faire de cet idéal une réalité », a souligné le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cité dans un communiqué.
Plus de 90 % des décès dus au paludisme chaque année surviennent en Afrique subsaharienne. Mais seulement la moitié des personnes à risque en Afrique dorment sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide.