Le Kanem, aride territoire de 70 000 km2 de l’ouest tchadien, est sous-équipé en structures de santé. Pour les femmes, y accéder est une question de survie.
Le Kanem, ce sont d’abord des images mythiques de soldats enturbannés bravant le vent de sable et les dunes. C’est là, en effet, aux abords du Lac Tchad, en lisière du Niger, que l’un des plus puissants royaumes du continent africain a trouvé à s’épanouir au XIIIe siècle, avant de se dissoudre au fil du temps.
Aujourd’hui, cette zone où les dunes se suivent et se ressemblent est devenue un rempart contre le terrorisme qui prend ses aises dans la large bande sahélienne. Par son environnement hostile et sa culture d’un islam modéré, le lieu fait en effet barrage aux assaillants de la secte de Boko Haram qui multiplient les attaques autour du lac Tchad depuis 2015.
Et même si Hassan Terap, le gouverneur de la province, se réjouit que « la situation est calme », la vie des 500 000 habitants du Kanem est aussi aride que la succession de dunes qui composent cette province tchadienne de plus de 70 000 kilomètres carrés. A Mao, ville principale, comme dans les villages, tous les indicateurs de développement sont au rouge.
Seuil d’alerte largement dépassé
Dans cette région, plus d’une personne sur deux est en insécurité alimentaire, et le taux de malnutrition aiguë sévère dépasse largement le seuil d’alerte fixé par les organisations humanitaires. Même si la première école du Tchad avait ouvert à Mao, en 1911, aujourd’hui un enfant sur deux est déscolarisé en raison du manque d’établissements et d’enseignants, selon les agences onusiennes. Dans le domaine de la santé, l’insuffisance de centres couplée à l’absence de moyens de transport rendent l’accès aux soins très difficiles.
Restent les cheptels. L’une des richesses de ce lieu. Un atout sur lequel le Kanem veut miser puisque le gouvernement compte sur le pastoralisme, principale source de revenu de la zone, pour redresser l’économie du pays, touchée par une grave crise depuis la brusque chute des cours du prix du pétrole amorcée en 2014.
Le Monde Afrique vous emmène, au fil d’une minisérie de trois reportages, découvrir la condition des femmes qui vivent dans cette aire déshéritée, où « matrones », sages-femmes et médecins parviennent à faire bouger les mentalités.
Cette minisérie a été réalisée avec l’aide du Fonds français Muskoka.
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