Le Monde

 

La conférence de reconstitution des ressources financières a permis de réunir 14 milliards de dollars, jeudi à Lyon. Un « succès pour les malades du monde entier », selon les ONG.

In extremis. L’objectif de recueillir des engagements à hauteur de 14 milliards de dollars (12,7 milliards d’euros) en faveur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2020-2022 a été atteint jeudi 10 octobre à Lyon au terme d’un sprint final épique. L’appel à « accélérer le mouvement », en augmentant d’au moins 15 % les contributions, a porté ses fruits. La somme record devrait permettre, selon le fonds mondial, de sauver 16 millions de vies supplémentaires et de mettre fin aux épidémies dues aux trois maladies d’ici à 2030.

La séance consacrée à l’annonce des engagements concrets s’est ouverte par le témoignage d’Amanda Dushime. Cette jeune fille burundaise de 18 ans a découvert sa séropositivité à l’âge de 11 ans. Dans un plaidoyer vibrant, elle a affirmé : « Nous ne voulons plus être traités à l’aveuglette. Nous voulons que soient respectés nos droits à l’accès aux soins, à une prise en charge adaptée et de qualité, notre droit à l’éducation, notre droit de vivre et d’espérer. Nous ne voulons pas être cantonnés à un rôle de bénéficiaire, mais être les acteurs de notre propre traitement. »

Un objectif atteignable

Rebondissant sur cette intervention, le président français, Emmanuel Macron, a rappelé que l’objectif « d’éliminer le sida, la tuberculose et le paludisme de la surface de la Terre » pour 2030 était « atteignable si, aujourd’hui, nous sommes à la hauteur de nos responsabilités ».

M. Macron a ensuite détaillé ses décisions, en commençant par l’accroissement de l’aide bilatérale de la France, qui, « depuis un peu plus de dix ans, avait été quasiment annihilée ». Il y aura donc une remobilisation de l’aide française au développement sur « ce sujet vital ».

Puis est venue l’annonce très attendue de la contribution de la France au fonds mondial. Ayant demandé à tous une augmentation de 15 %, la France ne pouvait pas faire moins. Elle ne prenait pas le chemin d’en faire plus. Le président de la République relativisait en soulignant le maintien du « plein engagement pour Unitaid » avec 85 millions d’euros par an pour les trois prochaines années.

Une telle annonce ne satisfaisait pas les ONG qui, tout en reconnaissant le travail accompli par la France depuis un an, réclamaient une augmentation d’au moins 25 % par rapport au 1,08 milliard d’euros que le pays verse depuis le cycle 2011-2013. Une fois le dénouement connu, elles ont salué un « succès pour la France et l’espoir pour les malades du monde entier ».

Un ton de chauffeur de salle

Emmanuel Macron a mis la salle dans sa poche en « mettant la pression » sur plusieurs pays qui avaient déjà fait un effort afin d’accroître leur contribution, sans atteindre les 15 % supplémentaires. Etaient montrés du doigt : le Japon, la Norvège et l’Australie. Si le Japon n’a pas modifié sa promesse de 840 millions de dollars, l’Australie a accru de 10 % la somme annoncée et atteint l’équivalent de 148 millions d’euros. La Norvège a doublé l’augmentation prévue en promettant 202 millions d’euros.

Le président français a également titillé trois Etats du Golfe – les Emirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite : « Si ces trois pays pouvaient se réconcilier et contribuer ensemble à 100 ou 150 millions de dollars en rejoignant le club des donateurs… » Le Qatar a par la suite annoncé qu’il multipliait par cinq sa contribution en passant à 50 millions de dollars. L’Arabie saoudite doublait la sienne, atteignant ainsi 30 millions de dollars.

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