« Elles leur mettent la puce à l’oreille » : au Togo, les épouses de chefs font avancer la cause des femmes.

« Elles leur mettent la puce à l’oreille » : au Togo, les épouses de chefs font avancer la cause des femmes.

Episode 3/4 « En Afrique, les femmes face aux violences »

En milieu rural, l’association La Colombe passe par les « fiosron » pour qu’elles usent de leur influence auprès de leurs maris.

Certaines, dès l’aube, ont fait plusieurs heures de route depuis leurs villages jusqu’à la préfecture de Tsévié, gros bourg situé à 35 km au nord de Lomé. Toutes ont revêtu leur plus beau boubou pour l’occasion. Certains plus chatoyants que d’autres, la broderie plus fine, les colliers de perles en terre cuite délicatement peintes plus lourds. Ce sont là les signes d’une aisance matérielle relative, mais surtout ceux distinctifs d’une forme d’influence, si ce n’est de pouvoir. Les signes liés à leur statut de « fiosron », littéralement « femme de chef », en langue éwé. Cette qualité sociale explique pourquoi une vingtaine d’entre elles se retrouvent assises là, côte à côte, dans la salle du conseil de la préfecture de Tsévié tendue d’un immense drapeau du Togo.

Elles répondent à l’invitation d’Adjoa Thérèse Akakpo, présidente de La Colombe, une association membre de l’Alliance internationale des femmes. « Les chefs de village sont les garants de nos us et coutumes et, théoriquement, de l’application des lois, explique-t-elle. Comme en milieu rural les gens ordinaires ne connaissent pas bien les lois, l’idée est de passer par les fiosron pour qu’elles usent de leur influence auprès de leurs maris afin d’améliorer le sort des femmes. » Autrement dit : des femmes d’hommes puissants au service d’autres femmes victimes des dérives machistes d’une société patriarcale.

Fondée en 1990 par Adjoa Thérèse Akakpo, alors enseignante, La Colombe s’est donné pour mission d’« apporter des solutions immédiates et efficaces aux différents défis auxquels sont confrontées les femmes rurales : insécurité alimentaire, pauvreté, problèmes sanitaires majeurs, analphabétisme, violences sexuelles et sexisme, taux élevé d’abandon scolaire chez les jeunes filles, manque d’accès à la terre, donc au crédit, c’est-à-dire dépendance financière vis-à-vis des hommes ».

Dans la ville de Vo Koutimé, plus de 700 filles et jeunes femmes victimes de diverses formes de violence et d’exploitation sexuelle ont été formées par l’association (couture, coiffure, cuisine, teinture…). Toutes les étudiantes ont aussi reçu une formation complémentaire sur les notions de base de l’entrepreneuriat et de l’alphabétisation. « Notre objectif était de les rendre autonomes. A elles ensuite de former d’autres jeunes filles et d’ouvrir leurs petites entreprises ou ateliers », explique Adjoa Thérèse Akakpo. En 2019, le centre a réorienté ses formations vers la promotion de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes dans les filières agroécologiques et bioénergétiques.

« Bientôt vous nous dominerez »

Ce jour-là, à Tsévié, la présidente de La Colombe est venue avec des exemplaires imprimés d’un « extrait simplifié du code des personnes et de la famille ». « Les fiosron ne remplacent ni les chefs ni les juges, précise-t-elle. Mais elles comblent un vide dans la prise en charge des victimes. » Pas question pour autant de sauter par-dessus l’échelon coutumier : « Avant de pouvoir passer par leurs femmes, il nous a fallu convaincre les hommes. Et cela n’a pas toujours été facile de les sensibiliser aux droits des femmes, notamment en matière de propriété foncière et de droit de succession. »

Le cas d’Atipola Gabina, 36 ans, illustre ce genre de problématique. Accompagnée de « sa » fiosron, Agbessi Akoele, elle raconte qu’elle a été dépossédée de son héritage – des terrains plantés de palmiers à huile – par sa belle-famille à la mort de son mari. « A ce moment-là, je faisais des ménages à Lomé, explique-t-elle. Quand je l’ai appris, ils avaient tout pris. Je suis venu voir La Colombe pour savoir quoi faire en justice. »

« Les fiosron ne remplacent ni les chefs ni les juges, mais elles comblent un vide dans la prise en charge des victimes »

A Tsévié, assise derrière un long bureau faisant face à cette assistance d’une quarantaine de femmes – fiosron et victimes –, aux côtés notamment du représentant du conseil des chefs de village et du chef de canton, Adjoa Thérèse Akakpo écoute Atipola Gabina et d’autres victimes. Le sujet du jour porte sur le droit de la famille. Et à entendre le secrétaire général de la préfecture, on se dit qu’il y a du travail. « Au nom des hommes, je suis jaloux de tant d’intérêt porté aux droits des femmes. Bientôt vous nous dominerez », glisse Yendoubé Bandékiné. Sur un ton faussement badin, il semble dire : « ce n’est pas demain la veille ».

« Et soutenez votre président, qui vous a placées au centre de son action », n’oublie pas d’ajouter le fonctionnaire. On n’est jamais trop prudent dans ce pays où Faure Gnassingbé siège depuis 2005 à la tête de l’Etat.

« Je ne peux pas faire de miracle »

Considérant ce qu’était la politique familiale togolaise durant la présidence de son dictateur de père Gnassingbé Eyadéma (au pouvoir de 1965 jusqu’à sa mort en 2005), et comparativement aux autres pays d’Afrique de l’Ouest, le bilan présidentiel n’est pas nul. […]

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Dossier réalisé en partenariat avec le Fonds français Muskoka.

« Les violeurs ne purgent jamais leur peine » : au Tchad, le combat des « super banat » contre l’impunité.

« Les violeurs ne purgent jamais leur peine » : au Tchad, le combat des « super banat » contre l’impunité.

Episode 2/4 « En Afrique, les femmes face aux violences »

Dans ce pays où une femme sur cinq déclare avoir été victime de violences, des lycéennes et étudiantes se mobilisent pour sensibiliser la population.

Khadija* avait 16 ans quand son oncle l’a violée. « Il m’a coincée dans le salon, m’a mis la main sur la bouche et le nez, je ne pouvais plus respirer. Ensuite il a abusé de moi », raconte, la voix étranglée par ce souvenir, la jeune femme aujourd’hui âgée de 24 ans : « Il m’a dit qu’il me tuerait si j’en disais un mot à ma mère. » Alors elle n’a rien dit. Pas un mot. Jusqu’à récemment. Ce qui lui a donné la force de parler, c’est un collectif de jeunes filles qu’elle a rejoint : les « super banat » (« banat » signifiant « fille » en arabe).

Ce matin-là, à N’Djamena, dans les locaux du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), qui les soutient, Khadija retrouve ses « sœurs » depuis deux ans : Patricia, Zara, Hassanié, Caroline et Fatimé Zara. La vingtaine, vêtues de pagnes colorés, elles sont lycéennes ou étudiantes et fières de dire qu’elles ont réussi à « ne pas lâcher l’école » alors qu’à peine 3 % des Tchadiennes terminent le cycle d’enseignement secondaire.

Un groupe de « filles modèles » : voilà ce que voulait lancer l’Unicef « pour libérer la parole autour de thématiques taboues comme l’hygiène menstruelle, la santé sexuelle et reproductive, la prévention du VIH », explique Nancy Ndallah, à l’origine du projet : « Mais la question des violences basées sur le genre s’est rapidement imposée face au grand nombre de témoignages de viols et d’agressions. »

Des affaires réglées à l’amiable

Au Tchad, une femme sur cinq déclare avoir été victime de violences, selon une enquête nationale, mais rares sont celles qui portent plainte. En 2016, Zouhoura a osé. A 17 ans, elle a été victime d’un viol collectif. Les images de son calvaire, insoutenables, ont été diffusées par ses agresseurs, fils de généraux et de ministres, sur les réseaux sociaux. Humiliée, la jeune fille a préféré s’exiler en France. Meram, 15 ans, a connu un drame similaire en 2021, violée et abandonnée à demi-inconsciente dans la rue. L’adolescente et ses parents ne se sont pas présentés pour être auditionnés par la justice.

Les agresseurs de Zouhoura et de Meram n’ont jamais payé pour leurs agissements. « Les rares violeurs condamnés ne purgent jamais leur peine », déplore Epiphanie Diorang, slameuse et présidente de la Ligue tchadienne de défense des droits des femmes. En 2020, après la disparition tragique d’une de ses meilleures amies, Darina, violée et poignardée en sortant de l’université à Lomé, au Togo, l’artiste a ouvert la première plateforme téléphonique d’écoute pour toutes ces victimes silencieuses. « Nous avons connaissance de cinq cas d’agressions sexuelles par jour », indique-t-elle.

Les responsables de viol encourent de huit à quinze ans de prison, mais les textes peinent à être appliqués.

Les responsables de viol encourent de huit à quinze ans de prison, mais les textes peinent à être appliqués. « Quand nous avons soumis nos recommandations pour une meilleure application de la loi, le ministre de la justice nous a répondu que ce n’était pas de son ressort », se désespère Epiphanie Diorang. Pas de procès pour les viols, mais des affaires réglées à l’amiable. « C’est courant au Tchad : on donne une somme d’argent ou on marie la victime à son violeur. On camoufle, sinon la fille perdra toute valeur pour un mariage », résume Caroline. Car au-delà de l’impunité, le viol est encore vu comme un acte qui salit plus la victime et sa famille que l’agresseur.

60 % des filles mariées avant 18 ans

Pour les « super banat », l’essentiel du combat se situe donc sur le terrain des mentalités. Elles sont aujourd’hui une centaine à organiser des causeries éducatives dans les maisons de quartier, dans les écoles ou directement dans les familles. « On nous considère comme des exemples et cela rassure les parents de nous voir chez eux », raconte l’étudiante en anglais, qui a débuté des formations sur l’hygiène menstruelle auprès des 12-17 ans.

Faute de moyens, de nombreuses filles confectionnent des protections périodiques à partir de bouts de pagne. « Ces serviettes doivent être séchées discrètement dans les chambres et il n’est pas rare que les jeunes développent des infections », explique Caroline, qui se retrouve parfois à devoir jouer le rôle de médiatrice : « Au Tchad, dès qu’une fille est pubère, elle est enfermée à la maison de crainte qu’elle tombe enceinte. »

C’est cette position d’intermédiaire qui plaît à Hassanié Abdoulaye. Reporter pour la radio FM Liberté, elle a l’habitude de parler sur les ondes des risques des grossesses précoces, de la contraception, des règles, de la sexualité, des violences basées sur le genre. « Parfois, on me reproche de parler d’abominations », raconte-t-elle. A 23 ans, Hassanié Abdoulaye dit être la seule jeune fille non mariée du quartier Gassi, dans le 7e arrondissement de N’Djamena. « On m’appelle “la vieille” », rigole-t-elle derrière ses lunettes noires.

Au Tchad, malgré une loi promulguée en 2015 punissant de cinq à dix ans de prison et d’une amende de 500 000 à 5 millions de francs CFA (de 760 à 7 600 euros) toute personne qui contraint une mineure au mariage, 60 % des filles sont mariées avant 18 ans. Patricia, 24 ans, « super banat » et étudiante en gestion hospitalière, a échappé de peu à ce destin : « J’ai refusé le mariage que mon père prévoyait pour moi en terminale. Il m’en veut encore », dit-elle.

« Celles qui meurent en silence »

Des « enfants » mariées, Daraiya Idriss en voit défiler à l’hôpital de l’Amitié Tchad-Chine, où elle est cheffe du service de gynécologie obstétrique. Avant de rejoindre le collectif, la médecin, élégante sur ses talons aiguilles et avec son « lafaye » chocolat (un voile typiquement tchadien), est passée dans la matinée rendre visite à ses patientes enceintes. « Sur les vingt, six ont moins de 16 ans. Leurs bassins sont trop immatures pour accoucher de façon naturelle », se désole celle qui est devenue la référente médicale des « super banat ».[…]

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Dossier réalisé en partenariat avec le Fonds français Muskoka.

*Le prénom a été modifié

Droits des femmes et lutte contre les violences basées sur le genre : une série avec Le Monde Afrique

Droits des femmes et lutte contre les violences basées sur le genre : une série avec Le Monde Afrique

Episode 1/4 « En Afrique, les femmes face aux violences ».

Alors que les Africaines demeurent soumises à de nombreux abus, des acteurs communautaires, des femmes influentes et de jeunes militantes montent au front.

Etre une femme en Afrique, c’est, plus qu’ailleurs, subir une existence jalonnée de violences.

« L’Afrique est la région du monde où les femmes ont le plus de risques d’être tuées par un partenaire intime ou un membre de la famille », révèle une étude de l’ONU Femmes publiée en 2019. Parmi les pays les plus dangereux pour elles figure l’Afrique du Sud : chaque heure, en moyenne, trois femmes y meurent sous les coups de leur conjoint.

Les féminicides, fléau mondial, fauchent en premier lieu les femmes de la famille, les travailleuses du sexe mais aussi des femmes âgées recluses ou des fillettes orphelines accusées de sorcellerie dans des pays ravagés par la guerre, comme en République démocratique du Congo (RDC). Un acte d’anéantissement qui s’inscrit souvent dans un continuum de brutalités physiques, sexuelles, psychologiques et économiques.

Qualifiées par l’ONU de « violation des droits humains la plus répandue mais la moins visible au monde », les violences basées sur le genre affectent massivement les Africaines. En 2018, une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révélait que 65 % des femmes en Afrique centrale et 40 % en Afrique de l’Ouest ont subi des violences. Des chiffres en deçà de la réalité, précisent les associations de défense des droits des femmes. En effet, la peur de la stigmatisation décourage trop souvent les victimes de dénoncer leur agresseur. Au Niger, 99 % des victimes de viols ne saisissent pas la justice, selon une étude de la fondation allemande Friedrich-Ebert. Et quand elles le font, les condamnations ne sont pas à la hauteur de la gravité des faits.

Mariages forcés, violences conjugales…

Pourtant, la lutte contre les violences basées sur le genre s’est peu à peu inscrite dans les agendas politiques des Etats africains ces dernières années. Numéros verts, ministère de la femme, programmes d’autonomisation financière… Autant de gages donnés par les pays africains aux bailleurs de fonds internationaux comme preuves de leur engagement envers les droits des femmes.

Reste que ces politiques du genre peinent à produire des résultats efficaces. « Toutes ces campagnes [sur le genre] ne remettent pas en cause les dynamiques de pouvoir qui sous-tendent les relations hommes-femmes », déclarait en janvier au Monde la sociologue Fatou Sow. L’universitaire pointait l’effet pervers des petits prêts financiers accordés aux femmes par les Etats et les ONG pour réduire les inégalités de genre :

« Plutôt que d’octroyer des microcrédits aux femmes, il faudrait leur permettre d’accéder à tous les secteurs d’activité, y compris ceux préemptés par les hommes, en les formant, en les équipant et en les finançant correctement. Au risque sinon de contribuer à entretenir leur relégation sociale. »

La domination masculine se mesure également à l’aune de l’indice d’inégalité de genre (IIG) établi par l’ONU et qui place nombre d’Etats subsahariens en queue de peloton. Sur 162 pays, le Sénégal se classe au 130ème rang, le Burkina Faso au 147ème, le Mali au 158ème. Ces données qui datent de 2019 n’intègrent pas les reculs enregistrés suite à la crise sanitaire liée au Covid-19.

L’Afrique subsaharienne affiche le taux de mortalité de femmes en couches le plus élevé au monde

Derrière ces chiffres se cachent des violences protéiformes qui parfois se cumulent, surtout pour les femmes les plus démunies. Il s’agit des mariages précoces ou forcés, des violences conjugales et sexuelles, de la confiscation des ressources économiques. Mais le pic du danger est atteint au moment de donner la vie. Car même si des progrès notables en matière de santé maternelle ont été réalisés ces dernières années, l’Afrique subsaharienne affiche toujours le taux de mortalité de femmes en couches le plus élevé au monde, notamment chez les adolescentes.

En Guinée, 97 % des femmes sont excisées

A ce sinistre tableau s’ajoute la persistance des mutilations génitales féminines, pratiquées dans des proportions effroyables. En Guinée, 97 % des filles et femmes ont été excisées, et près de 90 % dans les régions du centre-est du Burkina Faso. Au Sénégal, un quart des plus de 15 ans ont été excisées. Au Mali, l’un des trois pays africains à n’avoir pas criminalisé l’excision (avec la Sierra Leone et le Liberia), la proportion monte à 73 % chez les filles âgées de moins de 14 ans et à 89 % chez les 15-49 ans.

Pourtant, la pratique est interdite dans une cinquantaine de pays. Mais les Etats africains signataires de traités internationaux garantissant la lutte contre ces violences peinent à faire appliquer leurs engagements, et ce malgré l’adoption de lois plus sévères ces dernières années. Les autorités politiques sont en réalité entravées par le droit coutumier, souvent prééminent sur le droit moderne, notamment en zone rurale. Une supériorité qui favorise une culture de l’impunité, comme en Guinée, où les arrangements à l’amiable entravent la judiciarisation des affaires de violences sexuelles.

C’est face à ce constat d’inefficacité des institutions qu’ont émergé de nouveaux acteurs engagés pour changer les mentalités et protéger la vie des femmes. Là où les campagnes publiques de sensibilisation échouent à convaincre des époux ou des hommes de bannir la violence contre elles, chefs religieux, autorités traditionnelles et femmes influentes apparaissent comme des intermédiaires plus légitimes que les ONG, celles-ci étant souvent perçues comme éloignées des réalités des populations.

Ce sont ainsi les « fiosron », au Togo, qui parlent à l’oreille de leurs chefs de mari pour qu’ils sermonnent un époux maltraitant. Au Tchad, où 60 % des filles sont mariées avant 18 ans, les « super banat » (« filles », en arabe), de jeunes militantes féministes, jouent les médiatrices auprès des familles.

Au Sénégal, des imams s’impliquent

Au Sénégal, pays où les féminicides défraient régulièrement la chronique, quelques imams s’impliquent également. Lors du prêche du vendredi, ils enjoignent les maris à ne pas violenter leurs épouses. Aussi, depuis 1995, le Réseau Islam et Population réunit des savants musulmans. Ils parcourent le pays armés d’argumentaires religieux pour convaincre par exemple les maris de l’importance d’espacer les grossesses pour protéger la vie des mères et du caractère licite de la contraception.

Un travail qui rencontre néanmoins de fortes résistances dans un pays en proie à une poussée ultraconservatrice ces dernières années. « La plupart des religieux compliquent notre action de sensibilisation contre le mariage des enfants ou l’excision. Ils nous accusent d’être des toubabs et de vouloir détruire nos traditions. Or ce sont eux que les populations écoutent », déplore Fatimata Sy, présidente de l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant, qui intervient dans le nord du Sénégal. […]

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Dossier réalisé en partenariat avec le Fonds français Muskoka.

Rencontre au Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères

Rencontre au Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères

Mme Arlette Mvondo (ONU Femmes), Présidente du comité technique du Fonds Français Muskoka et Mr Jérémie FORRAT-JAIME, Président du comité de pilotage du FFM et sous-directeur du développement humain au Ministère de l’Europe et des affaires étrangères se sont rencontrés.

Cet échange très enrichissant  a permis de rappeler l’importance et le rôle du Fonds Francais Muskoka en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, des jeunes et des adolescent·e·s en Afrique de l’Ouest et du Centre, une région aux multiples enjeux.

Fonds Français Muskoka : 10 ans au service de la santé des Maliens

Fonds Français Muskoka : 10 ans au service de la santé des Maliens

La ville de Sikasso a abrité le 13 octobre 2022, dans la salle de conférence de la direction régionale de la santé et de l’hygiène publique, la conférence de presse du Fonds français Muskoka. C’était à l’occasion de ses 10 ans d’existence au Mali, dont 5 ans dans la région de Sikasso.

Étaient présents à cette conférence de presse le conseiller technique du ministre de la Santé et du Développement social, le représentant du gouverneur de Sikasso et les partenaires techniques et financiers.

L’objectif de cette conférence de presse était non seulement de dresser le bilan des progrès réalisés en santé de la reproduction de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, des adolescents durant les 10 ans d’intervention, mais aussi de maintenir la mobilisation et l’engagement des parties prenantes pour assurer la continuité des soins de qualité dans un contexte de Covid-19.

En effet, le Fonds français Muskoka (FFM), depuis sa création, traduit son engagement pour l’amélioration de la santé et du bien-être des femmes, des nouveau-nés, des enfants, des adolescents par le renforcement des systèmes de santé dans neuf pays de l’Afrique à savoir : le Mali, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Au Mali, le Fonds intervient depuis 5 ans dans trois grands districts sanitaires de Sikasso.

Selon les indicateurs réalisés par le SNIS en 2016, la couverture sanitaire dans un rayon de 5 km dans la région de Sikasso était à 52,55%, le taux de la malnutrition chronique était à 31%, le nombre de décès maternels à 96 sur 430 pour tout le Mali et le nombre de décès des nouveau-nés avant le 7e jour était à 239 sur 824 pour tout le Mali.

C’est dû à ces indicateurs trop élevés que la région de Sikasso a été choisie pour mener les activités du Fonds Français Muskoka.

A en croire les initiateurs du projet, le Fonds intervient dans quatre domaines : la santé maternelle, néonatale et infantile, la santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents, la planification familiale et la nutrition.

En 10 ans, le Fonds français Muskoka a mis en œuvre beaucoup d’actions en collaboration avec l’OMS, l’ONU Femmes, l’Unfpa et l’Unicef. Ces actions sont, entre autres : le coaching des prestataires de 411 structures sont 180 Cscom, 231 maternité rurales et 3 CSRéf, dotation en moto-ambulances de 4 Cscom pour la référence-évaluation, offre des services de la santé sexuelle et reproductive à 550 femmes en âge de procurer au niveau des sites des personnes déplacées internes à Bamako, mise en place d’un espace sûr, formation de 300 prestataires et agents de santé communautaire sur l’acétate de désoxyméthyl progestérone en sous cutané, donation de 2 Ureni et 86 Urinas des 2 districts de Sikasso et Bougouni en kits de stimulation psycho cognitive (jouets locaux) pour la stimulation des enfants ayant des malnutritions sévères.

« L’objectif du FFM est de contribuer d’une façon complémentaire et synergique à la réduction de la mortalité et la morbidité maternelle, néonatale et infanto-juvénile dans les pays cibles, grâce à la mise en œuvre d’un groupe d’interventions de santé à haut impact, dans le cadre de la continuité des soins », a laissé entendre Tessougué Fatoumata Cissé, chef de file des partenaires techniques et financiers du projet.

Notons que de 2011 à 2021, plus de 144 millions d’euros ont été alloués aux agences dans le cadre du Fonds français Muskoka. Et au Mali, de 2011 à 2021, plus de 14 millions d’euros ont été alloués aux agences, soit 1 milliard de FCFA par an dans le cadre du FFM.

Aussi, en juin 2021, lors du Forum génération égalité, le gouvernement français s’est de nouveau engagé officiellement jusqu’en fin 2026 à hauteur de 10 millions d’euros par an en faveur des pays cibles.

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Alimentation infantile en Afrique : comment mener la « révolution » ?

Alimentation infantile en Afrique : comment mener la « révolution » ?

Sur le continent, 33 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance et 67 % sont carencés en vitamines et en minéraux essentiels.

Un tiers des enfants africains de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance. En Afrique de l’Ouest et centrale, deux enfants de moins de 5 ans sur cinq ne grandissent pas bien et 67 % des petits de cette tranche d’âge souffrent de faim insoupçonnée, c’est-à-dire qu’ils sont carencés en vitamines et en minéraux essentiels. 53 % des enfants âgés de 6 à 23 mois en Afrique de l’Ouest et centrale ne reçoivent pas les nutriments issus d’aliments d’origine animale dont ils ont besoin.

En cause : une mauvaise diversification alimentaire. En effet, seuls 18 % des enfants d’Afrique de l’Ouest consomment des aliments provenant d’au moins cinq des huit groupes d’aliments recommandés par l’Unicef et l’OMS pour une bonne croissance.

Mauvaises habitudes alimentaires (trop gras, trop salé, trop sucré), difficile transformation des aliments (en petits pots et compotes), difficulté de stockage, cherté des fruits et légumes : voici autant de raisons qui expliquent ce phénomène. Une journée d’ateliers pour débattre des moyens d’engager une « révolution » a eu lieu à Dakar le 21 septembre en partenariat avec le Fonds français Muskoka.

Simeon Nanama est conseiller en nutrition de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Retrouvez l’article complet et la vidéo ici

Suite de la visite du Ministère au nouveau centre d’accueil des jeunes filles et femmes victimes de Violence

Suite de la visite du Ministère au nouveau centre d’accueil des jeunes filles et femmes victimes de Violence

Samedi 24 Septembre : Visite du Centre Kayam à Petit Mbao (banlieue de Dakar – Sénégal) par la délégation du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères composée de :
  • Mr Eric Chaux – Chef du pôle Politique de santé mondiale, sous-direction du développement humain (HUMA/PSM),
  • Mme Kolia Bénié – Experte en santé materno-infantile et en charge du suivi du Fonds Français Muskoka, sous-direction du développement humain (HUMA/PSM),
  • Mme Cécile Adam – Experte en nutrition, sous-direction du développement humain, pôle sécurité alimentaire, nutrition et agriculture durable (HUMA/ALIM).
Ce centre permet d’accueillir et d’héberger jusqu’à 25 jeunes filles et femmes victimes de violences. Elles y sont accueillies et suivies pour leur rétablissement physique et psychologique (visite médicale, prise en charge psychologique, prise en charge juridique). Ces femmes bénéficient également d’une formation professionnelle pour promouvoir leur autonomisation et leur capacité à développer des activités génératrices de revenus (AGR).
ONU Femmes a contribué à l’équipement du centre Kayam à travers le Fonds Français Muskoka.
Forum génération égalité 2022 : La France renouvelle sa contribution au Fonds français Muskoka

Forum génération égalité 2022 : La France renouvelle sa contribution au Fonds français Muskoka

« Forum génération égalité 2022 : faire le bilan »

Discours de Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à l’Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2022.

C’est un très grand plaisir pour moi, un an après l’organisation en juin 2021 du Forum Génération Égalité à Paris, avec le Mexique et sous l’égide d’ONU Femmes, de pouvoir dresser très rapidement un premier bilan, un point d’étape, afin de poursuivre notre mobilisation en faveur des droits des femmes et des filles, qui est en France « grande cause nationale » des deux mandats du Président de la République. Et dans le monde entier, pour chacun de nos pays, un enjeu de justice, de progrès et de développement.
Pourquoi devons-nous renforcer encore et sans relâche notre mobilisation ? Je vais citer Simone de Beauvoir, il le faut. Elle écrivait ceci : « il suffit d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ».

C’était il y quelques décennies qu’elle écrivait cela, et malheureusement nous voyons combien c’est d’actualité aujourd’hui.

Voyons les choses en face. Alors que le monde traverse une série de conflits, de crises, le danger d’une régression des droits des femmes et des filles est de plus en plus réel et il est perceptible partout, même dans nos pays ou dans des pays proches, vous le savez bien, comme l’est le risque d’une hausse de discriminations et des violences sexuelles et sexistes, qui non seulement ne diminuent pas mais parfois augmentent. Depuis des décennies nous avons réalisé des progrès, je ne veux pas être négative, mais nous voyons que ces progrès sont aujourd’hui menacés par une sorte de contre-offensive conservatrice, populiste, sur tous les continents. Cette contre-offensive vise en particulier les droits de santé sexuels reproductifs, notamment le droit à l’avortement. Nous nous exprimons dans un pays qui, hélas, connait un réel recul à cet égard.

C’est dans ces moments de crises que nous devons faire avancer collectivement les droits des femmes et des filles. Le Forum Génération Égalité en est la parfaite illustration, quelques mois après ce soi-disant « Consensus de Genève » qui n’en n’était pas un, par lequel les signataires prétendaient remettre en cause des décennies de combats des femmes pour la liberté de disposer de leur corps.

Le Forum a permis de mobiliser plus de 40 milliards de dollars de financements inédits et de formuler 1000 engagements. Aujourd’hui ce sont plus de 2700 engagements qui ont été déjà pris dans ce cadre par des acteurs publics, privés ou associatifs dans le monde entier.

Il est de notre responsabilité de ne pas nous arrêter seulement aux engagements, aux promesses et de les traduire en actes. C’est ce que nous appelons le multilatéralisme en actes.

Bien sûr commençons par nous-mêmes. La France prendra toute sa part à cet effort. Elle a décidé de porter à 400 millions d’euros son soutien financier en faveur des droits de santé sexuels et reproductifs et de la santé des femmes et des filles sur la période 2021-2025. Elle verse 18 millions d’euros au Fonds des Nations unies pour la population en faveur de l’achat et de la distribution de moyens de contraception, c’est le chiffre de 2021. Je pense que nous ferons aussi bien cette année.

Nous renouvelons notre contribution au Fonds français Muskoka, qui intervient en Afrique de l’Ouest et Centrale, à hauteur de 50 millions d’euros sur les cinq ans à venir.

Contre les violences affectant les femmes, nous finançons à hauteur de 6,2 millions d’euros (2020-2022) le Fonds mondial pour les survivantes de violences sexuelles liées aux conflits, dont vous savez toute l’importance et le remarquable travail.

Vous pouvez donc compter sur l’engagement solide et constant de la France pour faire avancer, à vos côté, les droits des femmes et des filles. Nous sommes fiers, chère Madame, de rejoindre l’Alliance pour les mouvements féministes, comme vous l’avez rappelé, et de compter parmi les neuf États promouvant une diplomatie résolument féministe.

Je ne veux pas prétendre en être l’incarnation, mais je tenais à donner une petite statistique qui concerne le ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

Il y a un ministre et puis trois autres ministres ou secrétaires d’État, donc nous sommes quatre, et sur les quatre, il y a trois femmes.

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Visite du Ministère des Affaires étrangères à Dakar

Visite du Ministère des Affaires étrangères à Dakar

Le Directeur de l’hôpital du Roi Baudoin entouré de ses chefs de service a reçu la mission du MEAE composée de Mr Eric Chaux, Chef du pôle Politique de santé mondiale – Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sous-direction du développement humain (HUMA/PSM), Mme Kolia Bénié, Experte en santé materno-infantile et en charge du suivi du Fonds Français Muskoka – Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sous-direction du développement humain (HUMA/PSM) et Mme Cécile Adam, Experte en nutrition – Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, sous-direction du développement humain, pôle sécurité alimentaire, nutrition et agriculture durable (HUMA/ALIM).

La délégation accompagnée de la Représentante de OMS Sénégal le Dr Dieynaba NDAO et de l’UNICEF a ensuite visité les Unités néonatales et kangourou du service pédiatrique de l’Hôpital du Roi Baudoin financées par le Fonds Français Muskoka à travers l’UNICEF Sénégal.

Améliorer l’alimentation des enfants : les solutions des jeunes de l’Hackathon

Améliorer l’alimentation des enfants : les solutions des jeunes de l’Hackathon

En 2022, 6,3 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, dans six pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Sénégal). En cause notamment, le déséquilibre alimentaire et les difficultés d’accès aux aliments riches en nutriments essentiels pour les plus jeunes.

RFI et Priorité Santé sont partenaires de l’Hackathon, un concours ouvert aux jeunes de 16 à 30 ans, qui vise à promouvoir des nouvelles solutions pour améliorer l’alimentation des jeunes enfants : des produits locaux, des produits diversifiés. Cette initiative est lancée par l’UNICEF pour lutter contre le fardeau mondial du retard de croissance, concentré à plus de 13 % pour les seules régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Dans l’émission, les jeunes lauréats échangent avec des spécialistes de la nutrition.

 

Découvrez l’émission ici